paint you wings (blaithin)

paint you wings.
feat. evie & blaithin

Elle aime être dans sa galerie, Blaithin. Même si elle y est moins maintenant. Même si elle doit parfois s'absenter un jour entier pour répondre à l'appel de son autre job, elle aime être entourée de son travail. Pas qu'elle ait un ego démesuré qui fait qu'elle aime voir son talent (certains jours, elle ne comprend même pas pourquoi on la dit si talentueuse), c'est juste que l'inspiration l'inspire et parfois, revoir une de ses œuvres la pousse à peindre ou dessiner autre chose et d'une œuvre solitaire, elle crée une collection. D'une photographie d'un instant, elle dévoile une histoire. Elle s'auto-suffit, parfois, pour créer plus. Et puis elle adore cet endroit. Elle y a investi toutes ses économies parce qu'elle est tombée amoureuse des lieux, qu'elle s'y est tout de suite senti chez elle. Alors même si ça n'est pas sur la rue principale, et même si parfois, elle peut passer une journée entière sans voir personne, elle aime son atelier. Elle vend autrement, de toute manière, aussi et la galerie est juste pour les touristes ou les habitués qui aiment venir la voir. Elle n'a pas besoin du côté boutique de l'endroit, juste du côté atelier qui lui permet de travailler des œuvres plus imposantes et de stocker plus de toiles qu'elle ne pourrait le faire chez elle.

Et puis, dans son havre de paix, elle peut presque dessiner tout ce qu'elle veut. Plus que chez elle où n'importe qui peut frapper et où il est difficile de cacher les choses qui ne peuvent pas juste être glissées sous son matelas. Ici, elle a de grandes voiles qu'elle peut aisément lancer sur ses tableaux, prétendant ne pas pouvoir montrer ce qui n'est pas encore terminé. Et puis, son bûcher n'est pas loin, juste derrière, dans la petite cours privative qu'offre son havre de paix. Il est facile d'aller y jeter tout ce qui devra disparaître en poussière ensuite. Elle aime aussi l'idée d'avoir ça, pour elle. Cet endroit secret où elle peut faire disparaître ses plus sombres secrets. Elle ne sait pas encore si le tableau qu'elle peint aujourd'hui y finira. Elle aime cette œuvre et elle pense que sa mère pourrait l'aimer aussi. Elle avait commencé à dessiner Caem dans un coin, Blaithin, sans même s'en rendre compte. Enfin, elle voulait dessiner un homme et son enfant, la joie de l'enfant et l'adoration du père et naturellement, c'était ces deux sujets favoris qui avaient pris vis sous son pinceau. Sean voltigeant en riant sur une balançoire, son père le poussant en riant pour qu'il atteigne le ciel. Elle ne sait trop comment, la blonde, mais à un moment, une femme s'est dessiné à leurs côtés. Une belle brune qui ne portait pas le poids du monde et n'envisageait pas une seule seconde de mettre fin à cette scène de paix et de joie en créant l'effroi et l'horreur. Elle n'a pas besoin de modèle pour les dessiner, Blaithin, elle se souvient des lignes du visage de sa sœur, comme de son beau-frère. Rien qu'en fermant les yeux, elle peut se concentrer sur un détail, pour le reproduire ensuite, presque à l'identique. Elle l'aimait tellement, sa sœur et elle l'avait tellement dessiné par le passé. Voir ce tableau plein de la perfection familiale lui fait mal et peut à peu, elle transforme l'environnement. Derrière l'enfant rieur et heureux, le père insouciant et la mère attentive et maternante, elle peint un ciel plus sombre, des arbres plus automnales, les prémices d'un hiver rude. On peut presque entendre les rires de l'enfant au loin, celui du père et la menace du silence de la mère. Il devient sombre son tableau et peut-être qu'elle le glissera au bûcher, finalement, Blaithin.

Le cliquetis de la porte la sort de ses pensées et l'arrache à son tableau heureux/mélancolique. Elle se lève et frotte ses doigts pleins de peinture sur son jean, s'avançant déjà vers la jeune femme qui la salue, son pinceau toujours à la main. « Bonjour », répond Blaithin avec un doux sourire. « Et bienvenue. Je suis Blaithin. Je suis juste ici si vous avez besoin de quelque chose », qu'elle dit, commençant déjà à retourner vers son chevalet. Elle est toujours prompte à venir saluer ses visiteurs, mais déteste s'imposer. Beaucoup ne viennent que pour mieux voir ses tableaux et ne veulent ni acheter, ni lui parler. Alors elle se présente toujours et repart dans son coin, attendant qu'on vienne l'aborder si on a besoin d'elle.

| @Evie Young