time for closure. (freja)

C'est la fin de l'après-midi, tu as évité ce moment toute la journée. T'y penses depuis ce matin, depuis que t'as fait le ménage dans ton ancienne chambre chez ta mère, que t'as aussi fait le tri dans le garage. Trier tes anciennes affaires et puis celles de ton père. Qu'est-ce qu'on garde, qu'est-ce qu'on jette ? Ca a été un moment plutôt éprouvant, ta mère t'a laissé t'en occuper, t'as gardé quelques babioles, des photos, des trucs symboliques à forte charge émotionnelle, des souvenirs de lui. Dans tout ce bordel t'as retrouvé des traces de ton passé à toi, celui avec Freja, et t'as rempli un petit carton des quelques affaires qui lui appartenait et que t'as retrouvé.
Depuis ce matin, du coup, tu te dis que tu vas lui apporter ce soir. La dernière fois que vous vous êtes croisés tu ne peux pas dire que ça ait été très concluant. En soi, tu t'attendais même pas vraiment à lui reparler, mais là tu vas un peu forcer les choses. Peut-être que t'espères que lui apporter ses affaires va la faire réagir. Pour toi c'est une bonne façon de mettre fin à tout ça. T'en as besoin.
Tu mets le carton sur le siège passager de ta voiture, tu t'installes derrière le volant, et tu conduis jusqu'au Bed & Breakfast. T'hésites un peu à faire demi-tour mais tu te retiens. Allez Julian, ce n'est pas grand chose après tout. Tu la salues, tu lui tends le carton, tu lui dis que t'as retrouvé tout ça et que tu souhaitais lui rendre, elle te dit merci et tu retournes à ta voiture. Tout simplement. Et ce sera la fin.
Facile sur 20 !
Tu te gares, sors de la voiture, ouvre la portière passager pour saisir le carton. Ya écrit le prénom de Freja au marqueur noir dessus, il est maladroitement fermé avec un pauvre morceau de gros scotch. Tu marches jusqu'à la porte, le carton sous le bras, t'as retrouvé de ta contenance et de ton assurance, t'as réussi à te persuader que tu faisais ce qu'il fallait. Tu toques à la porte d'entrée principale, puis tu pousses finalement la porte, t'entres, un peu comme chez toi. Juste un peu, hein ?
- Freja ? Y a quelqu'un ? tu l'appelles.
C'est une gamine qui arrive, haute comme trois pommes, l'air curieux mais joyeux. Elle s'approche, Freja apparaît elle aussi. Tes yeux se posent instinctivement sur elle jusqu'à ce que t'entendes la voix de l'enfant, elle dit, se cachant dans les jupons de ton ex " Maman, c'est qui le monsieur ? " - les jupons de sa mère, donc. T'es comme frappé sur place, sidéré, whaaat the.. ?, ça te file le tournis, t'as l'impression de vaciller de l'intérieur. A l'extérieur t'es calme pourtant, comme d'habitude, tu cilles à peine, mais t'as du mal à garder la face, tu le sens. Ton regard saute de l'une à l'autre, petite fille modèle miniature de Freja. Freja. Gamine. Freja. Freja... Mais... Ressaisis-toi Julian !
- Hey... Désolé de... débarquer comme ça à l'improviste... Je...
Tu lui tends le carton, t'as envie de te sauver, d'aller te planquer dans ta voiture. T'as aussi envie de lui demander ce que c'est que ses conneries, mais t'as compris ça y est. Ce qu'elle t'a dit l'autre fois "il n'y a jamais eu que toi Julian" c'était du pipeau. Bien sûr qu'il y avait eu quelqu'un d'autre, et elle a même eu un enfant avec. Nom de Dieu. Va te falloir une clope, c'est clair.
- J'ai fait le tri dans mes affaires... et celle de mon père, et.. j'ai retrouvé ces trucs là... qui sont à toi, je voulais te les rendre...
Tes yeux dans les siens, tu reportes ton attention sur la petite fille à qui t'adresse ce sourire de médecin rassurant joint d'un clin d'oeil entendu, comme si vous étiez complices d'une bêtise. Quand Freja a récupéré le carton tu te baisses, t'accroupies au niveau de sa fille:
- Salut, je m'appelle Julian, et toi ?

@freja whyte

Les journées filent à une vitesse dont tu peines à te rendre compte. Les clients affluent de plus en plus et tu dois dire que ça te fait du bien, ainsi qu’au compte en banque de l’auberge. Tu sais que lorsque l’été pointe le bout de son nez, les touristes arrivent en grand nombre et se précipitent vers ton auberge. À chaque fois, t’es presque saturée et tu as besoin de monde pour te filer un coup de main. Tu ne te plains pas Freja, que du contraire. Tu aimes voir le bed & breakfast retrouver vie de la sorte. Accueillir les nouveaux, préparer les repas, papoter avec eux et connaître un peu plus leur histoire, c’est ce que tu apprécies le plus dans ton métier. Tu as cependant moins de temps pour ta fiche, et ça, ça te chagrine. Mary n’a plus école à cette période de l’année, et tu essayes de jongler entre elle et tes clients, la délaissant quelques fois chez Caem ou ta soeur. Tu fais au mieux, c’est pas facile tous les jours, mais tu y arrives Freja. En cette chaude fin de journée, tu peux un peu souffler, te détendre. Les clients ne sont pas encore rentrés de leur balade, de leurs activités. T’as toujours essayé de les renseigner au mieux afin qu’il découvre et sache à quel point Wexford est une ville magnifique remplie de trésors. T’es déjà au fourneau, à couper les légumes en compagnie de Mary. Cet échange mère/fille, tu l’as toujours chéri du mieux que tu le pouvais. Elle n’a toujours eu que toi dans la vie, faute d’un père absent. Mais ça, tu sais que tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même et que si tu avais eu le courage d’appeler et prévenir Julian ces deux dernières années, tu n’en serais pas là. Tu es trop prise dans ce que tu fais que tu n’entends pas que l’on toque à la porte. Ce n’est qu’une voix masculine, une que tu pourrais reconnaître entre mille, qui te fait frissonner et redresser la tête. Tu jettes un coup d’oeil à ta fille, qui s’empresse d’aller jusqu’à la porte d’entrée. Tu as le coeur qui se serre, tu emboîtes son pas. Merde, merde, merde. Jamais t’aurais pensé que cette situation arriverait. Tu ne l’avais même jamais souhaité. Tu ravales ta salive, lorsqu’elle prononce le nom maman. Tu ne réponds pas, poses tes yeux sur Julian. Et tu vois Freja, qu’il ne sait pas où se mettre. Qu’il est déstabilisé par ces dernières secondes. Tu essuies tes mains sur ton tablier, maladroite. — Je .. c’est pas grave, merci. Tu attrapes la caisse en carton. Nouveau pincement au coeur. — Tu n’étais pas obligé de te déplacer pour si peu, j’aurais très bien pu venir .. tu sais. Carton en main, tu te décides à la poser à tes pieds avant de t’écarter un peu, fermer la porte derrière Julian sans même l’avoir invité à rester. Il s’abaisse devant Mary et t’as le coeur qui bat bien plus vite qu’à la normale. — Mary, je te présente .. Julian. Un .. un ami. T’es mal à l’aise, tellement mal à l’aise. Tu ne sais pas comment gérer cette situation qui vient de te tomber dessus sans crier gare. Julian, tu l’as revu il y a quelques jours au parc. Mais jamais t’aurais pensé le revoir, quand bien même tu l’as espéré. Tu ne peux quitter Mary et .. son père des yeux. Tu te souviens des mots que tu as prononcés à Julian, en lui ayant promis qu’il n’y a toujours eu que lui. Il doit te prendre pour une vilaine menteuse. Et là, tes deux années de mensonges te rattrapent Freja et tu te prends une bonne claque en pleine figure. Ta fiche te lâche la main pour se tenir face à Julian. Ca te ferait presque sourire, mais ce n’est pas le moment. — Je .. tu veux rester ? On était en train de .. préparer le souper pour les hôtes. Mary, tu sais nous attendre dans la cuisine ? Empresses-tu de dire à ta fille.

@Julian Ainsboro

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