(evie), still here.

(STILL HERE; @evie young)
Elle poursuit sa vie, Ailis, comme si de rien n’était. Elle poursuit sa vie, et ce n’est pas plus mal. Elle a bien mieux à faire, que se prendre la tête pour Meave, ou même pour son ex-mari. Elle a bien mieux à faire, que se faire du mal pour des personnes qui n’en valent clairement pas la peine. C’est sa philosophie de vie, depuis des années déjà – elle essaie de s’attacher le moins possible aux choses, pour ne pas les laisser l’atteindre, l’affecter, d’une manière ou d’une autre. Mais c’est souvent plus facile à dire qu’à faire. Parce que des fois, Ailis, elle n’y arrive tout simplement pas. Elle n’arrive pas, à faire comme si rien ne s’était passé. C’est précisément pour cela, qu’elle n’a pas su retenir quelques piques, quand Meave a eu le culot de se repointer à son appartement, un mois plus tard, seulement pour son permis qu’elle avait visiblement oublié là. Pourtant, Ailis, c’est la bonté incarnée, la gentillesse, la bienveillance personnifiées, parce qu’en général, elle ne souhaite de mal à personne. Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher, face à Meave. C’est con, parce qu’elles se seraient croisées ailleurs, elle aurait pu tout à fait faire preuve de politesse, avant de s’éclipser le plus vite possible, sans s’acharner, sans la chercher, sans lui rappeler son départ précipité. Mais la blonde, elle s’était pointée directement chez elle. Alors ça l’avait agacée, et puis blessée – cette pseudo-indifférence dont elle faisait preuve, et puis ce culot monstre, ce si évident manque de considération pour ce qu’elles avaient partagé. Sans doute que ça n’avait compté pour elle. Et ça, ça lui faisait du mal, à la brune.

Alors non, dans le fond, elle ne poursuit pas sa vie comme si rien n’était. Elle essaie, Ailis, mais ce n’est pas si évident que ça. Heureusement qu’elle a son fils, sans doute, dans tout ça. Heureusement qu’il est là, pour lui redonner le sourire – heureusement qu’il est là, pour lui changer les idées. La brune, sans lui, elle ne sait pas ce qu’elle ferait. Alors elle déteste l’idée que Paul soit réapparu, semblant décider de jouer son rôle de père, désireux de passer plus de temps avec son fils – alors qu’il lui avait laissé la garde sans se battre, sans réellement avoir envie de l’avoir. Et Ailis, elle sait que c’est mieux pour Iain de voir son père, mais ça l’énerve quand même, ce revirement de situation qu’elle ne s’explique pas le moins du monde. Alors ouais, elle tente de poursuivre sa vie, mais les gens ont décidé de tout compliquer, ces derniers temps. Elle est contrariée, Ailis, et elle est même un tantinet irritable, alors même que ce n’est pas son genre habituellement, parce qu’elle est douce et qu’il semble bien qu’elle ne s’énerve jamais. Alors elle déteste, être comme ça. Heureusement sans doute, qu’il y a encore sa boutique, pour l’occuper, pour occuper son esprit, pour lui changer les idées. Elle a emmené Iain aujourd’hui, en prime, parce qu’il n’a pas école – alors le petit joue dans l’arrière-boutique, sous sa surveillance ou sous celle d’un de ses vendeurs, si jamais elle doit s’absenter deux minutes. Et elle est là, Ailis, apportant un sac de café, quand le bruit indiquant l’entrée ou la sortie d’un client se met à résonner. Elle relève instantanément le regard, sourire aux coins des lèvres, prête à accueillir ledit client, quand son regard tombe sur Evie. « Hey. » Le sourire ne quitte pas ses lèvres, elle est heureuse de la voir, sincèrement, comme à chaque fois – et la brune ne s’imaginait pas la voir aujourd’hui, mais c’est une agréable surprise. « Tu vas bien ? » demande-t-elle, aussitôt, ravie qu’il n’y ait pour le coup personne d’autre, aucun autre client, si bien qu’elles peuvent converser à leur aise, tranquillement. « Tu es venue pour du thé ? » demande-t-elle encore, se souvenant toujours des habitudes de ses clients, encore plus quand ils sont devenus des amies, comme c’est le cas d’Evie.