Born to die - rosie.

(mom) C’est quand je t’ai perdu que j’ai perdu mes repères. Tu étais ma maman, mon pilier, cette femme si belle et si forte qui m’a donné la vie et m’a appris à l’apprécier pour ce qu’elle était vraiment. J’ai eu du mal à continuer d’avancer sans toi, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je suis longtemps resté dans le déni tu sais, avant d’accepter que tu sois partie. J’ai longtemps attendu ton retour, prostrée dans les escaliers devant la porte d’entrée. Je pleurais, je suppliais et j’attendais pour que tu me reviennes. Quinze ans, c’est trop jeune pour se retrouver seule dans ce monde, c’est toujours trop jeune quand vous décidez de partir, vous, nos mamans. J’étais perdue, désabusée et je n’avais plus foi en rien. J’ai changé, je crois. J’ai mûri, je n’ai pas eu le choix. J’ai fais mon deuil, à ma façon, à mon rythme et j’en suis sortie plus forte, je l’espère. Je ne sais pas si tu me vois de là où tu es, mais je te rends visite régulièrement et c’est sûrement l’une des raisons qui fait que je reste à Wexford. Je t’aime, tu me manques. Mais la vie continue et je me dois de continuer d’avancer, parce que si je m’arrête, ne serait-ce que deux secondes, alors la terre va tourner et je vais me retrouver perdue, à la traîne. (dad) Papa a été d’une grande d’aide dans mon processus de deuil. Tu lui manquais encore plus que tu nous manquais. Il se retrouvait seul avec ses deux filles à gérer et tous ses restaurants dont il devait s’occuper. Il était souvent absent et nous évitait au départ. J’ai d’abord cru que c’était de ma faute, parce que j’ai tes grands yeux noisettes et tes cheveux blonds, il paraît que j’ai ton sourire aussi. Et puis, il a fini par revenir et je crois que c’est en nous aidant qu’il s’est reconstruit. Depuis, il fait son possible pour se montrer présent pour nous. Tu devrais le voir maman, parfois il rayonne, d’autres fois, son regard est voilé lorsqu’il croit que j’ai le dos tourné. Tu sais, c’est lui qui m’a tout appris, c’est peut-être de toi que j’ai hérité mon caractère si docile, mais c’est de lui que me viennent mon amour et ma passion pour la cuisine. Je ne l’aurais jamais cru pourtant, les cuisines sont bruyantes et fourmillent de monde. Quand on me connaît bien, on s’étonne de me voir m’épanouir dans un endroit pareil, mais je crois que c’est justement ce qui me fait vivre. Jamais personne ne te remplacera mais papa est le seul parent qu'il me reste et il est devenu, en si peu de temps, la prunelle de mes yeux. (winnie) Le jour de ta mort, j’ai promis de toujours veillé sur elle. Elle ressemble beaucoup à papa, tant physiquement que mentalement et je ne l’en aime que plus. Elle me fait rire souvent, et parfois elle m’inquiète. Elle était la seule à être là quand notre vie partait en fumée, elle m’a littéralement sauvé la vie tu sais. Je crois qu’elle se sous-estime, elle ne se rend pas compte à quel point elle est intelligente et forte. Et alors que j’étais censé veiller sur elle et être son soutien, elle était le mien. Mon mat au milieu de cette tempête, mon ancre quand je buvais la tasse. Je ferais tout pour elle tu sais, je sacrifierais tout ce que j’ai. Parce qu’elle est ma petite sœur et que je l’aime, nous sommes les deux morceaux d’un tout, nous partageons le même sang, le même cœur. Et même si parfois, j’ai du mal à la comprendre, je ferais tout pour la voir heureuse, comme moi. Papa m’a légué son restaurant tu sais, et il a engagé Winnie. Elle était aux anges. Elle convoite le poste de pâtissier en chef et je fais tout mon possible pour l’aider à s’améliorer, elle finira par y arriver, elle est tellement plus forte qu’elle en a l’air. Mais ça, tu le sais déjà, n’est-ce pas ? (clive) Mon plus grand regret maman, c’est de ne pas pouvoir te présenter Clive. Je pourrais t’en parler pendant des heures. Il est si gentil et si intelligent, et je l’aime d’une telle force. Il me fascine et me fait du bien, il me reconstruit un peu plus chaque jour qui passe. C’est lui qui a réussi à enlever le poids qui pesait sur mon cœur depuis tout ce temps. Je ne me sentais plus capable d’aimer, parce que tu n’étais plus là et puis Clive est arrivé. C’était à cette fête, où je ne voulais même pas aller en plus. Mais quand je l’ai vu, j’ai su que c’était le destin qui m’avait conduit ici. Je sais que ça peut paraître ridicule mais je crois que nous sommes faits l’un pour l’autre, vraiment. Il est mon pilier quand tout semble s’effondrer autour de moi, ses bras qui me rattrapent et ne me lâchent pas, ce rayon de soleil au milieu des nuages quand tout semble s’assombrir. Et je l’aime, si fort. Je suis sûre que tu l’aimerais toi aussi. Il est beau, et chaque fois qu’il sourit je retombe un peu plus amoureuse de lui. Il a été si patient avec moi, si gentil, si avenant. Je crois qu’il m’a sauvé de cette vie sans amour à laquelle je m’étais préparée. Parfois, je le regarde travailler sur son voilier, et je nous imagine en mer, lui, moi et nos enfants, des petites bouilles brunes aux yeux pétillants comme les siens. Je crois que j’ai trouvé le grand amour maman, comme quand toi, tu as trouvé papa. (lula) Si je te confie un secret, tu me promets de ne jamais en parler à personne ? Oui, ça paraît évident en fait. Tu sais, j’aime Clive du plus profond de mon âme, il est ma bouffée d’oxygène quand j’étouffe et pourtant j’ai failli. Je ne sais pas si c’est parce qu’il me manquait atrocement durant mon voyage ou l’angoisse de ne pas pouvoir aimer quelqu’un d’autre si un jour il me quittait, mais j’ai failli. Je sais que ce n’était pas une excuse, mais c’est arrivé. Elle s’appelle Lula et elle est si belle. Tu devrais voir ses yeux maman, des yeux qui vous hypnotisent et vous ensorcellent. Elle était dans le restaurant le soir où je devais faire la fermeture et elle a proposé de m’aider. Je ne sais pas ce qui s’est passé mais quand j’ai posé les yeux sur elle, j’ai été incapable de détourner le regard. Et soudain, je la voulais. Je voulais ses lèvres roses et sa peau d’ivoire, je voulais sentir la douceur de ses mains sur mes joues et passer mes doigts dans ses cheveux. Je sais que je n’aurais pas du mais elle m’a comme envoûté. Ce n’est pas la première fois que je fais ce genre de choses avec une femme, tu le sais, parce que tu sais tout de moi. Homme ou femme, le sexe n’égalera jamais le cœur d’une personne. Mais depuis Clive, jamais je n’avais ressenti ce besoin de me sentir connectée à une autre personne que lui, et j’ai honte maman, j’ai honte d’avoir été déloyale envers lui. Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de penser à elle et j'ai l'impression d'être revenue incomplète de ce voyage, ou peut-être changer qui sait ? (guilty) Tu sais ce qu’il y a de pire dans la culpabilité, c’est ce poids sur la poitrine qui ne s’en va jamais vraiment. Parfois, je regarde Clive, et je me dis qu’il n’en saura jamais rien et que tout cela est de l’histoire ancienne. Que c’était sans importance. Et pourtant, lui mentir me tue à petit feu, ça me ronge de l’intérieur, comme de l’acide qu’on aurait versé dans mon œsophage. Je voudrais pouvoir lui dire la vérité pour mettre tout cela derrière nous mais je ne peux m’y résoudre, j’ai trop peur de sa réaction et je ne supporterais pas de le voir souffrir. Je ne peux tout simplement pas accepter qu’il souffre à cause de moi. Je suis censée être celle qui le rend heureuse tu sais, pas celle qui lui fait du mal. Et cette culpabilité est accentuée par ses rêves que je fais parfois, où je revois son visage me sourire, ses yeux bleus qui me fixent et me poussent à me laisser aller. Je ne sais plus où j’en suis, j’aime Clive, je l’aime, c’est sûr. Mais alors pourquoi est-ce que lorsque mes pensées s’évadent, il m’arrive encore de penser à elle et au goût de ses lèvres sur les miennes ? Si seulement tu étais encore là maman.(life) Rosie a toujours un chewing-gum-gum ou une sucrerie à porter de mains, toujours. Ça l'aide à déstresser et à se concentrer, ça lui permet aussi de combattre les fringales, parce que travailler en cuisine, ça donne faim. _ La blonde n'est tombée amoureuse qu'une seule fois dans sa vie, Clive. Pourtant, plus le temps passe et plus les souvenirs de cette nuit à Barcelone la hantent. Est-il possible d'aimer deux personnes en même temps ? _ Si elle n'était pas devenue chef, Rosie aurait sûrement étudier les animaux marins, elle aime la mer autant qu'elle est sa vie à Wexford. _ Trop effacée, elle est ce genre de filles à qui l'on demande toujours des services et qui se laissent bêtement avoir à chaque fois. Trop gentille, trop serviable, ses proches tentent de lui faire dire "non" de temps en temps. _ Avec un visage d'ange et un caractère si innocent, on s'imagine que la blonde est le genre de filles à souvent s'attacher aux gens mais ce n'est pas le cas, elle met du temps à se laisser apprivoiser, mais une fois qu'elle vous a dans la peau, c'est définitif. _ Elle écoute toujours la musique trop fort en voiture, sauf quand elle se perd et qu'elle considère sa playlist comme responsable. _ Elle ne passe pas beaucoup de temps dans la salle de bain mais pourrait passer des heures à traîner au lit pour profiter de Clive, avant le levé du jour. _ Rosie a des rêves d'avenir : elle s'imagine vivre dans cette maison dont Clive ne cesse de lui parler. Elle les imagine vieux et entourés de petits-enfants courants partout autour d'eux. Elle n'en parle pas souvent, parce qu'elle est réservée et que lui aussi, mais elle sait qu'ils partagent le même idéal de vie. _ Rosie s'est faite tatouée le soir de ses seize ans : une petit soleil à l'intérieur du poignet droit. Deux ans plus tard, un croissant de lune venait y faire face sur son autre poignet, puis une phrase en hébreu à la base de sa nuque, en hommage à sa grand-mère, et enfin, le prénom de sa mère à l'intérieur de sa cheville gauche.