un jour j'irais sur la lune. un jour j'irais.

{ grandir. } comment réussir à grandir, à s'épanouir quand tu es la dernière d'une lignée de six enfants. comment réussir à grandir dans leurs ombres, en devant suivre leurs pas sans pour autant faire la même chose, sans imiter leurs conneries. t'es pas la plus intelligente, t'es pas celle qui se trouve être la plus forte, t'es pas la plus douée en art ou en n'importe quoi finalement. t'es pas comme eux. toi t'es pas populaires, mais t'es pas ignorée non plus. tu survis facilement au calvaire de l'école, parce que malgré tout tes sœurs t'ont préparer le terrain. t'es la seule qui se moque bien de ce qu'il advient au lycée. t'es jolie mais t'es pas sexy. t'es gentille mais t'as toujours l'air blasée. t'es jolie mais tu frappes. C'est arrivé qu'une fois finalement, et ce type n'avait pas à être aussi familier avec toi. Quelle idée d'approcher de toi et de te mettre une main aux fesses en demandant si tu étais libre. tu as simplement réagit, tu apprends le judo et le karaté, ton instinct est plus fort et il s'est retrouvé avec le poignet foulé. pauvre enfant t'es pas comme tes aînées, t'es juste toi. { perdre. } un coup dans le sac de sable. elle est morte. deux coups dans le sac de sable. elle est morte. trois coups dans le sac de sable. tu pleures. elle est morte. et le pire c'est que toi, celle qui voit pourtant tout, tu ne l'as pas vu venir. Elle s'est donnée la mort, abandonnant de son plein gré la vie, son mari, son enfant. toi. vous n'étiez pas les sœurs les plus proches c'est vrai, vous vous engueuliez souvent pour de la merde. mais c'était ta soeur et aujourd'hui, plus jamais tu n'entendras sa voix te traiter d'idiote. t'en veux au monde entier. t'en veux à tout ceux qui la côtoyaient et qui n'ont rien vu, t'en veux à son mari, t'en veux à cette putain de connerie qu'on appelle l'amour. t'en veux à tout le monde. tu t'en veux. Tu lui en veux à elle. Parce qu'elle disait être forte mais qu'elle était faible, parce qu'elle n'était pas assez forte pour vivre, pour être courageuse, pour affronter les choses, pour dire les choses. Tu t'en veux. parce que tu voyais leurs regards à ces deux abrutis, tu voyais que les choses clochaient et t'as rien fait, parce que ce ne sont pas tes histoires, parce que ça ne te concernent pas. mais tout cela, ça a du jouer sur cette décision. tu cris parce que tu te déteste, parce que tu déteste le fait d'aimer trop ta soeur pour la détester elle. Tu es en colère, tellement en colère que tu es obligé d'aller à la salle pour frapper un fichu sac de sable, pour frapper sur des petits cons qui te pensent faibles, parce qu'ils voient l'humidité dans tes yeux. tu les frappes. elle ne reviendra pas. tu les mets au sol. elle ne reviendra pas. et t'as le coeur meurtri par tout ça. Par sa faiblesse. Parce que tu ne lui as pas offert ton aide, parce que tu n'avais pas vu qu'elle avait besoin d'aide. tu pleures. { aimer. } tu l'as aimé. t'as toujours aimé ce genre de mec, sauvage, viril, les grands barbus avec des tatouages. c'est ça qui te fait vibrer, c'est ça qui te fait fondre. un an une relation que tu pensais sérieuse, stable, une relation que tu pensais pouvoir avoir longtemps encore. il était tout ce que tu espérais, tout ce que tu voulais. au lit comme ailleurs. et puis tout a dégénéré. une dispute, et le coup est parti, sa main sur ton visage, la lèvre se mettant à saigner, un hématome sur la mâchoire. tu as eu mal. Tu l'as giflé, rien de plus, l'insultant de tout les noms avant de quitter la pièce, partant pour te calmer, pour qu'il se calme aussi. tu l'as aimé avec le coeur, avec les tripes, avec les larmes quand il a recommencé. Il a cru que tu étais une petite chose fragile, une chose pouvant être brutalisé, mais ça n'a pas fonctionner. Il a levé la main une seconde fois, tu as eu mal, un hématome une fois encore. Mais pas trois. plus maintenant. tu as répliqué, pas avec une gifle, pas d'insultes. Cette fois tu as simplement cloué son visage contre le sol, appuyant la semelle de ta basket contre sa tête. tu l'as aimé. tu l'aimes encore. mais cette relation ne finira pas bien. vous vous détruisez. vous vous aimez autant que vous vous haïssez. parce qu'on ne te frappe pas. et pourtant chaque soir tu imagines ses mains sur ta peau.  { avancer. } tu ne sais pas ce qui t'as pris, tu as tout plaqué. du jour au lendemain. adieu l'université. bonjour l’école de police. c'est comme si ta première année de fac était là uniquement pour te permettre de comprendre que tu faisais une erreur. tu as toujours été doué en sport, en sport de combat principalement, t'as toujours adoré les histoires de flic et tu es même une fan d'agatha cristie. t'as toujours l’œil ou il faut, tu vois les choses autrement que la plupart des gens alors, pourquoi tu as perdu une année à l'université ? Pour faire plaisir à la famille ? Mais toi, tu veux devenir flic, tu veux devenir lieutenant et résoudre des crimes. au début, on te prenait pour le maillon faible. et puis il y a eu la mort d'Aislinn. Toute cette colère à fait de toi un meilleur agent, et aujourd'hui, t'es tout en bas de l'échelle, tu es encore en formation mais tu fais le bien. { survivre. } tu as mal tu craches sur le sol, le revers de ta main venant essuyer ta joue. il t'a foutu un coup, il pense être capable de te battre parce que t'es une fille. il pense qu'il est capable de te mettre au sol et de te mettre un coup dans le ventre. tu as mal mais il rêve, le judo, le karaté, la boxe, tu es l'une des meilleures et il est hors de question qu'un petit con te fasse chier. tu as mal tu ne sais pas comment tu t'es retrouvé dans cette galère, peu après la mort de ta soeur, en allant t’entraîner t'as vu ce prospectus traîner dans les vestiaires. ils sont vraiment cons de laisser ça là eux. et toi, t'es vraiment conne d'avoir mis les pieds la bas. t'es flics, peu importe ton grade, t'es dans les forces de l'ordre et tu aurais pu appeler du renfort même si tu n'étais pas en service. au final, t'as cogné. parce que ça te faisait du bien. tu as mal la colère, la haine, tes faiblesses et des peurs, tu mets tout ça dans tes poings pour cogner ce type devant toi. ca fait un an. un an que tu viens là pour fracasser des gueules et te faire un peu plus de fric. t'as pas le droit. tu pourrais tout perdre. ta plaque. ta vie. mais c'est plus fort que toi, devenue comme une drogue. parce qu'elle est morte, que tu ne peux pas la frapper elle, que tu ne peux pas lui dire à quel point elle te déçoit, à quel point elle te manque. alors tu les frappes eux, parce qu'elle ne reviendra pas.