surprise, sis' ! (nei-thin)

surprise, sis' !
feat. neill & Blaithin

Assise au bureau de cet agent dont elle a oublié le nom, Blaithin se penche sur sa feuille, les sourcils froncés. Elle se concentre autant que possible, essaye de ne pas se laisser distraire par ses envies de perfections. L'homme qu'on lui décrit n'est absolument pas parfait, alors elle ne doit pas le dessiner comme un être parfait. Ses traits sont grossiers, son nez étrangement imposant au milieu de sa figure ronde. L'asymétrie est totale et les proportions mal définies, mais la victime lui a juré que son croquis était parfaitement ressemblant. Alors Blaithin a demandé une demi-heure de plus, seule, tranquille pour pouvoir transformer les traits légers d'une femme hésitante sur la proportion d'une lèvre, la forme d'un sourcil ou l'angle d'une mâchoire en un véritable portrait comparable à une photo. Elle est douée pour cela. Elle adore le faire et c'est pour ça qu'on l'a embauché. Transformer un visage imprécis en une photographie presque parfaite. Mettre en image une personne qui n'a pu être capturé par une caméra de surveillance ou un appareil photo.

Elle est là depuis vingt bonnes minutes maintenant et les traits sont plus nets, les ombres s'améliorent et elle peut presque être sûre qu'elle reconnaîtrait cet homme dans la rue si elle le voyait, alors qu'elle ne l'a jamais rencontré. Elle en informe la policière et lui dit que quand elle s'en sentira prête, la victime n'aura qu'à lui demander et elle lui montrera le dessin pour une confirmation complète. Elle lui demande de surtout laisser le temps à la pauvre femme, celle-ci a pleuré plusieurs fois en lui décrivant son agresseur et Blaithin ne veut surtout pas la traumatiser encore un peu plus en la mettant face au regard qu'elle a imaginé pour son bourreau.

La policière repart et Blaithin pose le portrait un peu plus loin, désireuse de ne plus l'avoir sous les yeux. Elle prend une nouvelle page de son carnet et commence à griffonner, sans faire vraiment attention. Elle devine très vite ce qu'elle est en train de faire et arrache la feuille, la roule en boule et la jette à la poubelle, comme si le dessin pouvait l'attaquer. Personne d'autre qu'elle ne peut deviner ce qu'elle était en train de faire, mais elle, elle sait et c'est suffisant. C'est déjà trop. Alors elle recommence, nouvelle feuille et nouveau visage. Un visage moins dangereux, moins questionnable. Celui de son père lui semble être une bonne idée et c'est sur l'image mentale de cet homme en particulier qu'elle se concentre, alors qu'elle dessine à nouveau.

Levant les yeux, Blaithin croise un regard qu'elle ne connaît que trop bien : celui de sa plus jeune sœur. Comme lorsque Caem a découvert qu'elle n'était pas venu pour le voir, mais pour travailler, la jeune femme se sent soudain mal à l'aise et se lève, alors que sa sœur s'avance vers elle d'un pas décidé. Elle n'a pas besoin que Neill commence à parler pour voir que son esprit turbine déjà avec force. Elle connaît sa sœur. Elle connaît ses talents d'observation et sa tendance à toujours émettre mille hypothèses à la seconde. Ce n'est pas pour rien qu'elle est l'une des meilleures de sa promotion à l'école de police et qu'elle est promise à un brillant avenir de détective. « Hey ! Salut ! » Elle hésite un peu la blondinette. Comment on salut sa sœur quand on est dans le cadre du travail ? Est-ce qu'on a le droit de l'étreindre ? Elle n'avait jamais eu besoin de se poser la question avant. En tant que visiteuse, elle se fichait de savoir si elle outrepassait l'image que sa sœur devait donner dans le cadre de son travail, mais maintenant qu'elles sont amenés à être collègues... Doit-elle vraiment juste lui serrer la main ? Dans le doute, la blonde reste là, les bras ballants et l'air coupable sur son visage.

| @Neill Soeige