(blaithin), when i'm down, you always change the key.

-- my heart has lost the beat. --

And I'm counting on your love, hey melody. We both could use a reason just to smile So let me be your harmony tonight. Every note you hit cuts into me ✩ @blaithin soeige

Elle était enceinte Meave et cette vérité était carrément déprimante. Elle ne savait pas si elle avait ce qu’il fallait pour être mère. Elle n’y avait jamais vraiment songé jusqu’à présent. Pour avoir des enfants, il fallait avoir une vie stable et Meave, elle n’était pas un exemple de maturité la blonde. Elle avait passé des années et des années à juste vouloir s’amuser en oubliant le reste et voilà que maintenant, elle devait se préparer à élever un enfant ? Elle était certaine de ne pas savoir comment s’y prendre. Elle savait bien qu’il y avait d’autres options dans ce genre de situation. L’avortement était tout juste légal dans le pays, encore bien mal vu, mais au moins pas besoin de rejoindre le Royaume-Unis et de risquer quoi que ce soit en décidant de se faire avorter. Mais elle ne savait pas si elle voulait faire ça Meave. Elle n’avait pas grandi dans une famille particulièrement conservatrice, mais c’était une décision qu’elle ne voulait pas prendre à la légère la blonde. Elle craignait qu’on la juge pour seulement y penser. Peut-être qu’elle s’était aussi attachée trop vite à ce bébé. Elle ne savait pas, elle était perdue dans ses propres émotions ces derniers temps et les hormones n’aidaient pas. Il allait falloir qu’elle prenne une décision et toute seule dans son coin, ce n’était pas facile. Elle ne connaissait pas le père du bébé, ça n’aidait pas. Elle n’avait pas envie d’en parler, ça faisait mauvais genre, pour une fille essayant de reprendre sa vie en main, d’être enceinte d’un homme qu’elle ne connaissait pas. Elle ne voulait pas non plus embêter les autres avec ses problèmes, elle l’avait probablement déjà trop fait toute sa vie, alors elle préférait se taire et s’enfoncer un peu plus dans son déni, jour après jour.

Au moins, elle rentrait toujours parfaitement dans ses vêtements et son ventre ne se voyait pas encore. Ça l’aidait grandement à le cacher. Elle n’avait pas peur que son secret soit révélé au grand jour dès qu’elle rendait visite à ses proches. Elle devait voir Blaithin ce soir et elle n’avait pas envie d’avoir des explications à lui fournir sur un ventre qui se verrait un peu trop. D’après ce qu’elle avait pu lire, elle avait au moins un trimestre avant que ça commence à être difficile à cacher. En se regardant dans la glace, alors qu’elle se préparait pour aller chez sa sœur, elle se disait qu’elle avait peut-être pris des seins. Mais ça, c’était un détail, dans sa famille, personne ne faisait attention à la taille de ses seins, logiquement. Elle, elle ne regardait pas les seins de ses sœurs en tout cas, ce serait un peu creepy sans doute. Elle enfila ses vêtements avant de se maquiller, si elle passait trop de temps à se poser des questions existentielles du genre, elle allait être en retard. Une fois prête, elle abandonna son appartement, avant d’envoyer un message à sa frangine pour lui dire qu’elle était en route. Sur le chemin, elle s’arrêta dans une pâtisserie, histoire de prendre un gâteau. Peut-être que sa sœur avait déjà prévu quelque chose, mais il n’y avait jamais assez de gâteaux de toute façon. En plus, elle n’aimait pas arriver les mains vides quelque part. D’habitude, elle était celle qui ramenait les bouteilles d’alcool, mais elle était enceinte, alors c’était à éviter. Un changement de comportement qu’elle allait sans doute devoir justifier tôt ou tard. Elle ne refusait jamais un verre habituellement Meave. Elle trouverait une excuse, elle était douée pour ça, après tout. Son gâteau acheté, elle se rendit chez son aînée, frappant à la porte avant que cette dernière ne vienne lui ouvrir. « Hey ! » Elle prononça, avec un grand sourire et beaucoup d’enthousiasme. « Tu vas bien ? » Première question à poser et pas des moindres, c’était important de prendre des nouvelles de sa famille. Meave, elle se disait qu’elle ne l’avait peut-être pas suffisamment fait avec leur sœur. Elle n’était plus là maintenant, alors hors de question de refaire la même erreur avec le reste de la famille.

when i'm down, you always change the key.
feat. meave & blaithin

Se perdre dans le dessin quand votre sœur est prévue pour manger n'est peut-être pas la meilleure des idées, mais quand elle en a une en tête, Blaithin, d'idée, elle a du mal à s'en défaire. Alors après avoir préparé le pain à l'ail, les pâtes et la sauce, alors qu'elle finissait de laisser cuire lentement, puis laissait reposer, se préparant à ne finir de chauffer le tout ensemble qu'une fois sa sœur présente, pour que tout soit chaud et près quand elles se mettraient à table, elle se cala devant son chevalet et commença à griffonner. Deux mains, un doux rêve. Celle d'un homme, tenant tendrement celle d'une femme. C'est beau, c'est romantique, c'est simple. Elle sait à qui appartienne les mains. Elle n'a pas besoin d'y réfléchir. Elle connaît ses mains parfaitement. C'est facile de prétendre que ce ne sont pas celles qu'on devine. Facile de prétendre que ce n'est qu'une paire de main inspirée de mains qu'elle connaît bien. Facile de prétendre que l'histoire derrière n'est pas ce rêve impossible qui la torture la nuit et l'empêche de dormir.

Elle peint les formes, les couleurs, s'attarde sur les ombres, sur la délicatesse du toucher, sur la tendresse de l'étreinte. On y sent l'émotion, dans cette paire de main. La main de l'homme qui hésite, celui de la femme qui tremble. Deux amants qui découvrent le fait d'un simple toucher tendre et chavirant. Du moins, c'est tout le cœur qu'elle y met, la blondinette. Lira-t-on cela ? Elle n'en sait rien. La vérité est que souvent, les gens y lisent des choses qu'elle n'avait pas perçu elle-même. Parfois plus proche qu'on ne le penserait de la réalité, parfois si éloigné... Elle a fini par ne plus chercher à définir ce qu'elle dessine. Elle laisse ses doigts et son âme faire et elle laisse les autres décider de ce qu'ils veulent y voir. Chacun est libre d'interpréter ce qu'il y ressent, après tout. Elle est là pour déverser ses émotions dans ces dessins, pas pour en donner l'histoire au monde.

La sonnette retentit, la tirant de ses pensées. Elle baisse les yeux sur elle-même. Par chance, elle ne s'est pas tâchée avec l'acrylique. Sa chemise aurait été foutue autrement. Elle plonge son pinceau dans l'eau, sait qu'elle regrettera ce manque de précautions avec son matériel, va ouvrir la fenêtre pour que s'évacue rapidement les vapeurs d'alcool et va ouvrir la porte. C'est sa sœur qu'elle trouve derrière, sans surprise et elle lui sourit, heureuse de la voir. Elle l'aime sa fratrie, Blaithin. Même si elle ne le dit pas assez souvent, même si elle est trop timide pour en parler, son frère et ses sœurs, ses neveux et nièces sont toute sa vie. Alors Blaithin, elle les aime à sa façon et elle le leur montre à sa façon aussi.

« Hey ! », souffle la blondinette à son tour en guise de salut, un bref hug pour accompagner le bonjour. Elle s'efface ensuite de la porte, laisse sa cadette entrer et hoche la tête à sa question. « Bien sûr ! », qu'elle dit, évidence doucereuse. Elle va bien, elle va toujours bien. Blaithin est la définition même de la constance tranquille... Du moins aux yeux de ses proches. Parce qu'elle ne veut pas déranger et parce qu'elle ne veut pas être un poids, elle va toujours bien. Même quand son cœur saigne du manque d'Aislinn, même quand il se brise d'un amour à sens unique, même quand son ventre se déchire de ne pouvoir apporter la vie. Elle va bien. Constante Blaithin entourée de pots de peinture et de crayons, célibataire endurcie pour qui la maternité n'est ni un problème, ni une préoccupation, fille solitaire et rêveuse qu'aucun mal ne peut réellement atteindre dans les hauteurs de ses pensées artistiques. « Et toi ? Ça va ? » Question importante. Plus encore que son propre bien. Elle s'inquiète toujours pour les siens, Blaithin, surtout depuis qu'ils ont perdu Aislinn. Le bien-être de sa fratrie, de ses parents, de sa belle-famille, tout est plus important qu'elle-même. Si les autres vont bien, alors bien sûr qu'elle va bien. « J'espère que ça t'ira, j'ai fait simple. Pâtes en sauce et pain à l'ail. »

| @Meave Soeige

-- my heart has lost the beat. --

And I'm counting on your love, hey melody. We both could use a reason just to smile So let me be your harmony tonight. Every note you hit cuts into me ✩ @blaithin soeige

Elle se posait souvent des questions, Meave, sur ce qui était arrivé à sa sœur. Elle se demandait comment ils avaient été aussi aveugle à ses souffrances. Dans le fond, de son côté, la réponse n’était pas si compliquée que ça. Meave, elle avait été trop concentrée sur sa propre vie pour vraiment faire attention aux autres. Combien de fois est-ce qu’elle était arrivée aux brunchs familiaux avec la gueule de bois, complètement à la ramasse dans son coin de table ? Ça arrivait tellement souvent que plus personne ne posait la question. Ce n’était pas de sa faute si le samedi soir, c’était le moment idéal pour faire la fête et que le dimanche midi semblait être le moment idéal pour les réunions de famille. Elle avait été inattentive aux besoins des autres, trop centrée sur elle-même pour vraiment s’en préoccuper. Ce n’était pas qu’elle mettait des vents à tout le monde en se considérant comme une petite reine, c’était juste qu’elle était souvent ailleurs Meave. Aujourd’hui elle voulait changer ça. Elle voulait être là pour les autres, soutenir sa famille et leur faire comprendre qu’ils étaient importants pour elle et qu’ils pouvaient compter sur elle. C’était aussi un bon moyen de fuir ses propres problèmes. En faisant passer les autres avant elle, elle avait une bonne excuse pour ne pas évoquer le bébé qui poussait à l’intérieur de son utérus ou son histoire compliquée avec Ailis. Elle était douée pour le déni Meave, dans le fond, elle l’avait toujours été, mais c’était encore pire aujourd’hui, parce que techniquement, jusqu’à présent, elle n’avait rien pris dans sa vie comme étant un problème. Elle avait eu une vie bien remplie mais qui ne lui posait aucun souci. Maintenant, c’était différent et au lieu d’affronter les choses en face, elle préférait les ignorer.

En se rendant chez sa sœur, Meave, elle avait mis tout ça de côté, prête à oublier ces histoire le temps d’une soirée avec son aînée. C’était mieux comme ça. Quand elle était seule chez elle, elle avait du mal à se vider la tête, mais dès lors qu’elle sortait, on pourrait presque croire que c’était une toute autre personne qui n’était pas prise de plein de questions en même temps. Elle préférait ça elle. Sans doute que ça prouvait d’avance quel genre de mère elle ferait, si jamais elle décidait de garder le bébé. Une pauvre fille, laissant tout en plan pour se changer les idées et mieux ignorer les problèmes. Un gamin ne s’en sortirait jamais avec une mère pareille. Voir Blaithin, ça lui remontait le moral à la blonde. Elle ne tarda pas à lui rendre son étreinte, bien contente d’être ici, avec elle. « Ouais, tout va bien, merci. » Tout allait bien hein ? Pas de bébé à l’horizon, pas de questions plein la tête à cause d’une jolie brune. Tout allait bien. « C’est parfait, tu me connais, j’avale tout ce qu’on me donne à manger. » Avec quelques envies plus précises et plus étranges ces derniers temps et d’autres trucs qui avaient au contraire tendance à lui coller les nausées monstres, encore un truc qu’elle devait à la grossesse. « J’ai ramené un gâteau pour le dessert. » Elle montra le sac qu’elle avait dans les mains, dans lequel il y avait le fameux gâteau. « Il vient de la pâtisserie, évidemment, j’ai pas essayé d’en faire un moi-même, on sait toutes les deux qu’il aurait été raté. » Elle haussa les épaules. Être aussi nulle qu’elle en cuisine, c’était à peine possible. Elle n’aimait pas ça, alors elle n’y mettait pas du sien sans doute. Encore un truc qui finirait par poser problème si elle devait avoir un bébé, le pauvre gosse, elle ne savait même pas ce qu’elle pourra lui donner à manger.

when i'm down, you always change the key.
feat. meave & blaithin

Famille forte les Soeige. Famille irlandaise comme on en fait tant ici. Fière et forte, unie, mais porteuse de ses secrets. Les douleurs, ils en ont eu leur lot, mais ils ont toujours eu trop de fierté pour les montrer. Et puis Blaithin est un cas particulier, même chez eux. Parce qu'elle ne se met jamais en colère, la blonde. Elle ne crie pas, elle pleure à peine en public. Elle a eu son lot de douleurs, de cœur brisé, de coups durs, mais elle n'a réellement pleuré devant les autres qu'une fois. Peine trop forte pour être contrôlé jusqu'à la solitude. Trop forte pour être juste évacuée dans son art. Quand Aislinn est morte, elle a été dévastée et elle l'a montré, sans pouvoir s'en empêcher, quitte à en être morte de honte par la suite. De toute manière, elle n'avait pas pu faire autrement. Elle l'aimait trop, sa sœur. D'entre tous et toutes, Aislinn était sa moitié à elle, sa lumière et sa vie. Oui, elle n'allait pas tout à fait bien et oui, elle avait tous ces défauts, mais Blaithin, elle s'en foutait. Elle l'aimait comme Icare aime le soleil, à s'en brûler les ailes.

Elle sourit à son autre sœur, Meave, la jumelle rebelle. Elle hoche la tête et affiche son air envieux devant l'idée d'un dessert qu'elle imagine délicieux. Elle aime les gâteaux, Blaithin. Elle aime la nourriture en général, mais les sucreries plus encore. Elle sourit un peu plus quand sa sœur lui assure que la chose vient d'un professionnel, non de ses doigts critiques dans une cuisine. « Évidemment », qu'elle glisse, tendre, sans moquerie, malgré son sourire. Elle ne blesserait jamais sa sœur en lui disant que oui, ses talents en cuisine sont potentiellement dangereux pour la vie de ses hôtes, mais elle ne peut nier l'évidence, Meave est une catastrophe et la meilleure chose qu'elle puisse faire pour ses hôtes est de commander à manger. Venir avec un présent culinaire acheté en boutique est donc la meilleure chose qu'elle peut faire pour faire honneur à une invitation.

Douce, elle attrape le paquet. « Je vais le mettre au frais. Fait comme chez-toi », qu'elle dit, se rendant déjà dans la partie cuisine pour mettre au réfrigérateur la gourmandise. Ça sent bon chez elle. Blaithin a toujours été une bonne cuisinière, d'abord parce qu'elle aime la nourriture et ensuite parce qu'elle veut toujours faire plaisir aux siens et a appris toutes les ficelles pour être une bonne ménagère. Alors dans la cuisine et par extension dans tout son logement, si avare en murs, ça sent bon la nourriture et ça cache un peu l'odeur dominante habituelle : alcool et peinture, papier et fusain. Elle adore ces odeurs là, beaucoup de gens moins. C'est pourquoi elle aère quand elle reçoit et pourquoi elle fait souvent des plats odorants. Elle se tourne ensuite vers sa sœur, la porte du réfrigérateur toujours ouverte et hésite. « Qu'est-ce que tu veux boire ? », qu'elle demande. « J'ai de la Kilkenny, de la Bulmers et, ah tiens, une Guiness qui traîne. Du vin blanc ou du jus de pomme. Désolé, je n'ai pas grand chose de plus. Peut-être un peu de sirop, mais après ça sera que du lait. » Elle n'est pas une grande consommatrice d'alcool. Elle aime bien la bière et raffole du cidre typique de chez eux, les Guiness sont principalement pour son frère ou son père, d'où le fait qu'elle n'en ai pas souvent, alors elle n'est pas la meilleure des hôtes pour ça, elle qui boit essentiellement de l'eau.

| @Meave Soeige

-- my heart has lost the beat. --

And I'm counting on your love, hey melody. We both could use a reason just to smile So let me be your harmony tonight. Every note you hit cuts into me ✩ @blaithin soeige

Elle aimait sa famille Meave, même si elle n’était pas la plus exemplaire des sœurs. Elle savait bien qu’elle était souvent distraite, égoïste, focalisée sur sa propre vie plus que sur celle des autres. Elle était jeune la Soeige et elle avait toujours eu envie d’en profiter. C’était quelque chose qu’elle avait toujours dit haut et fort, il fallait profiter de la vie tant qu’on pouvait le faire. Elle, elle l’avait fait pendant des années, peut-être au détriment des autres. C’était l’impression qu’elle avait en tout cas quand elle pensait à Aislinn. Son aînée, elle n’avait pas vu la vie de la même façon qu’elle, elle ne l’avait pas croquée à pleine dents comme Meave elle, elle avait l’habitude de le faire. Pourquoi ? C’était une question qui subsistait, même plus d’un an plus tard. Elle aurait dû parler à sa sœur la blonde, peut-être qu’elle aurait pu lui montrer un peu sa vie à elle, pour qu’elle puisse se sentir libre, qu’elle puisse s’amuser et en profiter, comme elle le faisait elle. Au lieu de faire ça, elle l’avait laissée coincée avec ses problèmes, ses peines dont elle n’avait pas franchement parlé et qui pourtant devaient avoir été assez marquées pour qu’elle décide d’en finir avec la vie. Elle savait Meave qu’elles n’avaient pas été très proches toutes les deux. Aislinn, elle avait été plus complice avec Blaithin, un peu comme elle et sa sœur jumelle. Mais la perdre, ça lui avait fait beaucoup de mal, ça avait tout chamboulé dans sa vie, dans ses habitudes, ça avait été le point de départ des problèmes qu’elle rencontré aujourd’hui. Elle ne pouvait pas mettre ça sur le dos de son aînée, mais beaucoup de choses avaient changées depuis qu’elle était partie et elle savait bien Meave que ça avait eu des répercussions sur elle autant que sur le reste de la famille.

C’était difficile de vivre avec la culpabilité que ça pouvait entrainer. Meave ça l’avait faite changer, ça l’avait faite grandir et pourtant, elle continuait de faire plus d’erreurs qu’elle ne le voudrait. La preuve, elle fuyait les sentiments que lui imposait son cœur et elle était tombée enceinte par accident. Un problème qu’elle chercher à nier au lieu de l’affronter. Elle ne savait pas comment affronter les choses Meave de toute façon. Elle essayait de grandir, d’être plus mature, mais c’était difficile, parce qu’elle était restée bloquée dans la vie d’une gamine pendant trop longtemps. Assumer des responsabilités alors, c’était encore trop dur pour elle et un bébé c’était sans doute la plus grande des responsabilités qu’on pouvait avoir dans une vie. Au moins, elle se disait que laisser tout ça de côté pour profiter d’un bon repas entre frangines. Il savait qu’il serait bon, parce qu’elle connaissait les talents en cuisine de son aînée, tout autant que Blaithin connaissait les siens. Elle la laissa aller mettre le gâteau au frigo alors qu’elle retirait sa veste pour l’accrocher sur le porte-manteau et qu’elle abandonnait ses chaussures dans l’entrée, avant de rejoindre sa sœur dans la cuisine. Elle fut évidemment bien tentée de prendre une bière, mais elle pensa à la grossesse, avant de penser à ses envies. « Du jus de pomme, ce sera parfait. » Une remarque qui devrait surprendre tout le monde. Meave elle était plus du genre à aller boire de la bière avec son père et son frère qu’un petit jus de fruit. « Je tente un nouveau régime, sans alcool. La bière, ça fait du bide, c’est moche. » Elle haussa les épaules, comme si elle s’était déjà préoccupée de sa ligne, un jour dans sa vie. « C’est plus sain en plus. » C’était une évidence ça, mais là encore, Meave elle s’en fichait de ce qui était sain habituellement. « Je ne pense pas tenir bien longtemps, mais bon, tenter, c’est un premier pas vers la réussite. » Tenter de nouvelles expériences, c’était déjà plus son truc, alors peut-être que ça pouvait passer, cette histoire de nouveau régime. C’était à moitié vrai en plus, elle était enceinte, il fallait bien changer ses habitudes alimentaires, même si c’était compliqué, en même temps, elle n’avait pas le choix, tant qu’elle ne savait pas si elle voulait ou non garder cet enfant, il fallait qu’elle fasse des efforts.

when i'm down, you always change the key.
feat. meave & blaithin

Ils doivent tous l'avouer, les choses entre eux ont changé depuis la mort d'Aslinn. La famille se pensant, auparavant, plutôt fonctionnelle a soudainement pris conscience que tout n'était pas si parfait et qu'ils avaient tous manqué des choses, des indices, peut-être des appels au secours... Ils ne savent pas. Ne saurons probablement jamais ce qu'ils auraient dû voir, mais quoi qu'il en soit, les séquelles sont aujourd'hui persistantes et ils apprennent. Tant à se reconstruire qu'à modifier leurs rapports pour que les choses soient plus saines. Comme pour conjurer le sort ou pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Ils ont vécu un deuil douloureux pour tout le monde et beaucoup de remises en questions, alors, aujourd'hui, ils essayent juste de mieux vivre ensemble et de voir plus loin que derrière les apparences rassurantes. Blaithin, elle, elle a toujours été proche de son père, mais aujourd'hui, elle l'appelle pratiquement tous les jours (dès qu'elle ne peut pas passer) pour savoir si tout va bien à la maison et s'ils ont besoin de quelque chose. Avec son frère et ses sœurs aussi, elle essaye d'être plus présente, plus attentive, toujours prête à leur donner quoi qu'ils aient besoin.

Aussi, la blonde tique un peu quand sa sœur (dont elle a cessé de compter le nombre de gueules de bois aux brunch dominicaux) se décide pour un verre de jus. Elle hausse un sourcil et pose un regard interrogateur sur sa sœur, qui lui précise qu'elle tente un nouveau régime. D'abord dubitative, Blaithin se laisse un peu convaincre quand finalement, Meave lui assure ne pas penser pouvoir tenir. Cela ressemble déjà plus à sa sœur, tenter des trucs improbables en sachant déjà qu'elle ne tiendra pas ses bonnes résolutions. Blaithin hoche la tête, se disant quand même qu'elle devra faire un peu plus attention à ça... juste au cas où.

Elle verse donc deux verres de jus, se voit mal prendre autre chose devant sa frangine si encline à être raisonnable. Et puis Blaithin n'a jamais été une grosse consommatrice d'alcool. Un verre et elle a la tête qui tourne. Deux et elle perd toute capacité à mentir. Aislinn adorait, dans leur jeunesse, la faire boire pour pouvoir ensuite l'interroger. Pompette (elle n'a jamais été capable d'aller plus loin, sa seule fois s'étant terriblement soldée), elle parle sans réfléchir et ce n'est jamais bon. Surtout quand Caem est dans les parages ou qu'il est abordé. Alors par sécurité, Blaithin ne boit tout simplement pas. A peine plus qu'un fond de verre pour les célébrations ou une bière quand l'occasion ne peut se refuser.

Elle tend le verre à sa sœur et lui sourit en buvant une gorgée du sien. « C'est une bonne idée », qu'elle souffle, un léger sourire sur les lèvres. « Mais même si tu devrais persévérer pour ta santé, tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour ton ventre », qu'elle promet. « Tu es magnifique, Meave. » Elle n'a pas besoin de chercher des raisons de le lui dire. Elle trouve sa sœur magnifique. Elle trouve toutes ses sœurs magnifiques (bon, c'est assez facile puisque deux d'entre elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau). Des quatre, Blaithin a toujours trouvé qu'elle était la dernière du lot, la moins jolie, la moins regardable. Aislinn attirait toute l'attention sur elle, magnifique brune de feu et les jumelles ont tout ce qu'il faut là où il faut. Blaith, elle, se trouve un peu trop ronde, un peu trop petite et a toujours rêvé des courbes délicates de ses sœurs.

« Installe-toi à table, je t'en prie », elle l'invite.

| @Meave Soeige

-- my heart has lost the beat. --

And I'm counting on your love, hey melody. We both could use a reason just to smile So let me be your harmony tonight. Every note you hit cuts into me ✩ @blaithin soeige

Elle aurait dû en parler avec sa famille de cette grossesse, mais c’était compliqué. C’était le fruit de ses doutes, de sa volonté de se prouver à elle-même qu’elle n’était attirée que par les hommes, comme si le contraire pouvait poser problèmes. Ça lui posait problème à elle, cette impression de ne pas rentrer dans le moule, dans ce que la société continuait de définir comme normal. Elle avait lu cet article, récemment, deux femmes en couple qui s’étaient faites tabassées dans un bus à Londres, parce qu’elles étaient lesbiennes. Ça la dépassait complètement cette haine, Meave, parce que logiquement, personne ne pouvait avoir le moindre regard, le moindre jugement sur les sentiments des autres. Chacun était libre d’aimer qui il voulait. Cette violence n’avait pas de sens à ses yeux. La violence en général, ça la dépassait un peu Meave, sans doute parce qu’elle était une fille relativement posée, pacifique, certains diraient légèrement hippie sur les bords, ça allait bien avec sa tendance à la fumette. Meave en tout cas, elle avait peur de tout ça, elle avait peur qu’on la juge, peur d’être différente, peur de décevoir aussi. Elle savait qu’il y avait des parents, des frères et des sœurs qui reniaient leurs proches à cause de ce genre de problématique. Elle avait beau se dire que ce n’était pas le genre de sa famille, qu’est-ce qu’elle en savait hein ? Elle avait été persuadée que ce ne serait jamais le genre de son aînée de s’ôter la vie et pourtant, elle l’avait fait. Elle ne voulait pas non plus inquiéter sa famille avec ses questions, ses peurs, cette grossesse qu’elle ne savait pas comment gérer, alors le mieux, c’était de taire toute cette histoire. Le bébé, la façon dont il était arrivé là, les raisons qui l’avait poussée à être encore moins prudente que d’habitude.

Si elle gardait le bébé, elle ne pourrait pas se taire bien longtemps, mais elle n’avait pas pris la moindre décision concernant cet enfant pour le moment. Plus elle hésité, plus le temps passait et plus elle risquait d’être obligée de mener cette grossesse à terme. Inconsciemment, c’était peut-être ce qu’elle cherchait, un peu comme si ça lui faisait une décision de moins à prendre. Les grandes décisions, c’était pour les gens qui savaient ce qu’ils faisaient et Meave, elle ne faisait pas partie de ceux-là. Elle n’était encore qu’une gamine, malgré la trentaine qui approchait plus vite qu’elle ne le voudrait, elle ne prenait pas de grandes décisions. Choisir entre un jus de pomme et une bière, c’était déjà bien assez difficile pour elle, pas la peine d’un rajouter une couche. [/color]» Merci. » Elle attrapa son verre de jus de pomme, pas le genre de truc qu’elle buvait souvent, mais il fallait bien qu’elle s’y fasse. « Ouais, je vais faire de mon mieux. » Pour la santé du bébé plus que pour la sienne. « Ça ne se voit pas beaucoup, mais j’ai pris du poids récemment, alors faut que je fasse attention. » Elle avait pris du poids parce qu’elle était enceinte et ça n’allait pas s’arrêter. Bière ou pas, son bide allait vraiment finir par être plus imposant qu’elle ne le voudrait. « Merci, c’est gentil. » Elle esquissa un sourire à l’adresse de son aînée. Elle n’était pas certaine que ça dure, avec le poids, les vergetures et tout ce qui allait avec. « Toi aussi, tu sais. » Blaithin était une jolie femme. Meave elle lui enviait ses courbes parfaite, sa poitrine généreuse qui lui donnait à elle l’impression d’être plate comme une planche à pain, au moins, son aînée n’avait pas besoin de push-up pour mettre sa poitrine en valeur et elle était certaine d’avoir de quoi remplir ses maillots de bain et bustiers sans problème. Elle s’installa à table, suite à l’invitation de sa sœur, ne pouvant se défaire du gargouillis dans son ventre, prouvant qu’elle avait faim. Elle avait tout le temps faim Meave et c’était pire depuis qu’elle était enceinte. « Sinon, le boulot, ça se passe bien ? » Prendre des nouvelles de ses proches, ça passait aussi par le fait de parler du boulot, des amours et tout ce qui pouvait aller avec. Maintenant qu’elle avait un emploi stable, c’était déjà plus facile pour la blonde d’aborder le sujet.

» I wish I could draw you how I see you. (blaithin)
» tomorrow, tonight (blaithin)
» blaithin › draw my life.
» paint you wings (blaithin)